Reconnaître et soigner les troubles de l’éjaculation

Les troubles de l’éjaculation ne sont pas une fatalité. 61 %1  des hommes en ont déjà connu au cours de leur vie. Plusieurs causes les expliquent : savoir les identifier et les comprendre facilite le choix du traitement

Quels sont les différents troubles de l’éjaculation ?

Les troubles de l’éjaculation font partie des dysfonctionnements sexuels que connaissent les hommes pour des raisons aussi bien psychologiques que physiologiques.

Il existe plusieurs de troubles de l’éjaculation.

L’anéjaculation ou impossibilité d’éjaculer

L’anéjaculation est l’impossibilité d’éjaculer, malgré l’excitation et le désir. Elle touche 2 % des hommes2, parfois dès le plus jeune âge. Elle peut empêcher la survenue de l’orgasme.

L’éjaculation précoce ou prématurée

L’éjaculation précoce ou prématurée se caractérise par 3 critères : l’éjaculation arrive trop tôt (avant la pénétration ou entre 30 secondes à 3 mn après), elle est incontrôlable et génère de la gêne et de la frustration. 

Précoce ou prématurée, c’est le trouble de l’éjaculation le plus constaté chez l’homme. 

  • 31 %3  déclarent avoir déjà éjaculé avant même de pénétrer leur partenaire
  • 59 %2 ont déjà éjaculé au moment de la pénétration ou peu après. 

On parle d’éjaculation précoce primaire lorsqu’elle existe depuis le début de la vie sexuelle et d’éjaculation précoce secondaire chez des hommes n’ayant pas connu ce trouble avant.

Éjaculation précoce : 71 % des hommes déclarent avoir éjaculé trop rapidement au cours des 12 derniers mois. (Source IFOP – 2019).

L’éjaculation rétrograde ou aspermie

L’éjaculation rétrograde ou aspermie est une absence ou une très faible quantité de sperme éjaculé qui n’empêche pas l’orgasme, mais peut causer la stérilité. Au lieu de sortir par l’extrémité de la verge, le sperme prend le chemin de la vessie où il se répand. C’est un trouble bénin à ne pas confondre avec l’anéjaculation (incapacité à éjaculer). Seule une analyse d’urine confirmera le diagnostic.

Le priapisme

Le priapisme est une érection douloureuse provoquée sans excitation ou désir, qui peut durer au moins quatre heures, avec ou sans éjaculation. Il existe 3 types de priapisme : 

  • le priapisme veineux dit à bas débit (anomalie du retour veineux) qui nécessite une prise en charge en urgence ;
  • le priapisme artériel appelé à haut débit (augmentation du flux artériel) ;
  • le priapisme intermittent caractérisé par des érections répétées et douloureuses, espacées par des périodes de diminution du pénis.

L’éjaculation douloureuse

L’éjaculation douloureuse entraine une gêne, un inconfort ou une douleur plus intense ressentis pendant l’éjaculation ou l’orgasme. 

L’éjaculation spontanée

L’éjaculation spontanée, en dehors de tout rapport ou stimulation, est un trouble de l’éjaculation plutôt rare. L’éjaculation est involontaire, sans qu’il y ait eu d’excitation sexuelle et de désir. 

Comment fonctionne une érection, une éjaculation ?

Érection et éjaculation sont deux mécanismes physiologiques différents.

  • L’érection permet au pénis de passer d’une forme flasque à une forme allongée et rigide afin de favoriser la pénétration. 
  • L’éjaculation est le procédé qui permet l’expulsion du sperme par le méat de l’urètre par un mécanisme vasculaire et musculaire. 

Il existe des troubles de l’érection (dysfonction érectile) comme de l’éjaculation.

L’érection et l’éjaculation en 4 étapes

Quelles sont les principales causes des troubles de l’éjaculation ?

Avoir du mal à éjaculer s’explique par plusieurs causes d’ordre médicales et/ou psychologiques. Le plus important est d’en parler avec un professionnel de santé pour envisager un traitement. Hormis pour l’éjaculation précoce, le médecin recherchera les antécédents d’infection génitale, de neuropathie centrale ou périphérique (maladie des nerfs périphériques ou du système nerveux central), de diabète, de traumatisme de la région périnéale (entre l'anus et les parties génitales), de chirurgie abdominale ou pelvienne. Le diagnostic tiendra compte également de facteurs psycho-sociaux, en particulier éducationnels5.

L’anéjaculation

La chirurgie de la prostate est souvent à l’origine de l’anéjaculation. Pendant l’opération, les nerfs entre la moelle épinière et le pénis ont été abimés. Par ailleurs, l’ablation de la prostate et des vésicules séminales entraînent l’impossibilité d’éjaculer. Les nerfs du pénis peuvent être endommagés aussi par certains traitements psychiatriques.

L’éjaculation précoce

L’éjaculation précoce est le trouble sexuel le plus répandu chez l’homme. Ses causes sont multiples : psychologiques, relations interpersonnelles et/ou médicales.

Dans ce dernier cas, il faudra investiguer du côté de la glande thyroïde, de la prostate ou encore évaluer la capacité à obtenir ou à maintenir une érection suffisante.

77 %6 des hommes souffrant de prostatite chronique présentent une éjaculation précoce.

L’éjaculation rétrograde

Parmi les causes les plus fréquentes qui pourraient provoquer l’éjaculation rétrograde : certains traitements médicamenteux comme les alpha-bloquants7 , la chirurgie de la prostate et notamment des symptômes du bas appareil urinaire liés à l’hyperplasie bénigne de la prostate, le diabète ou les lésions de la moelle épinière.

Le priapisme

L’érection partielle ou complète anormalement prolongée (4 heures et plus), sans désir ou stimulation sexuelle, est classée en 3 types :

  • Le priapisme veineux est fréquent chez les patients atteints de drépanocytose (maladie génétique héréditaire affectant les globules rouges) et de certaines maladies du sang…
  • Le priapisme artériel est assez rare (5 % des priapismes) et peut être provoqué par une lésion d’une artère caverneuse ou d’une de ses branches situées dans le pénis. 
  • Le priapisme intermittent affecte la qualité de vie à cause d’érections espacées, répétées. Il est souvent observé chez les patients atteints de drépanocytose.

L’éjaculation douloureuse

L’éjaculation douloureuse est favorisée par l’inflammation de la prostate (prostatite, adénome de la prostate…), des difficultés à uriner, la présence de calculs dans la vessie ou des antécédents infectieux…

L’éjaculation spontanée

L’éjaculation spontanée peut être provoquée par des lésions de la moelle épinière, des traitements antidépresseurs, antipsychotiques ou pour lutter contre la maladie de Parkinson8.
Parmi les facteurs déclencheurs de l’éjaculation spontanée9 on retrouve :

  • l’action d’uriner : plus de 25 % des cas ;
  • la défécation : 11 % des cas ;
  • l’anxiété : 11 % ;
  • le toucher du gland, notamment par des sous-vêtements : 9 % ;
  • le stress ou une attaque de panique : 7 %. 
     

Comment traiter les troubles de l’éjaculation ?

Les troubles de l’éjaculation font partie de la vie sexuelle de l’homme. Ils ne sont pas une fatalité. Plusieurs réponses thérapeutiques existent tant médicales que psychologiques. Parlez-en avec un médecin généraliste, un sexologue, un urologue ou encore un endocrinologue.

L’anéjaculation

Selon les causes de l’anéjaculation, on pourra avoir recours à des solutions médicamenteuses et/ou à des psychothérapies. Certains médicaments déclencheurs de l’éjaculation existent. Des traitements par électro-éjaculation sont aussi possibles.

L’éjaculation précoce

Seuls 10 %10 des patients osent consulter alors qu’il existe des traitements pour ne plus souffrir d’éjaculation précoce :  conseils psychosexologiques et, chaque fois que possible, association de médicaments11 et de thérapies cognitivo-comportementales centrées sur la sexualité, en impliquant la ou le partenaire dans le processus de traitement12 .  Votre médecin traitant vous dirigera vers des spécialistes (sexologues, psyschologues/psychiatres…).
Il cherchera également d’éventuels dysfonctionnements de la thyroïde dont le traitement dépendra de ses caractéristiques (hypothyroïdie, hyperthyroïdie...), une infection bactérienne dans la prostate (prostatite) à soigner avec des antibiotiques ou des troubles érectiles pour lesquels il existe des traitements.

Le priapisme

Un priapisme de 4 heures et plus peut conduire à une impuissance définitive. Il nécessite donc une prise en charge thérapeutique en urgence.

Le traitement variera en fonction du type de priapisme :

  • Le priapisme veineux est le plus courant. Il doit être pris en charge immédiatement par une aspiration du sang dans la verge avec l’injection d’alpha-stimulants, sous anesthésie locale.
  • Le priapisme artériel nécessite la compression de l’artère ayant subi une lésion, sous échographie, et la pose de glace sur le périnée. 
  • Le priapisme intermittent dans sa phase aigüe sera traité comme le priapisme veineux.

L’éjaculation douloureuse

Le traitement sera choisi en fonction de l’origine identifiée : adénome de la prostate, inflammation chronique de la prostate, troubles infectieux, calculs vésicaux…

L’éjaculation spontanée

Si elle est provoquée par des médicaments, le médecin sera susceptible de changer le traitement en cause.
 

Comment retarder l’éjaculation ?

Certaines stratégies assez simples peuvent contribuer à retarder l’éjaculation. Il ne faut pas hésiter à essayer :

  • Le stop and go (« arrêt-départ ») : l’objectif est de marquer un arrêt ou un ralentissement aux différents paliers de l’excitation et selon différentes positions avec son ou sa partenaire.
  • Les compressions ou « squeeze » : l’excitation diminue en serrant le pénis assez fort à la base du gland ou de la verge.
  • Les préservatifs à effet retardant ou prolongé à base de benzocaïne (anesthésiant local) diminuent la sensibilité du gland. Conçus avec des formes et des épaisseurs spécifiques, d’autres opèrent une légère pression au niveau du gland et ralentissent l’afflux sanguin.
  • Les sprays pour un usage local, à base de lidocaïne 150mg/mL/prilocaïne 50mg/mL pour les éjaculations précoces de type primaire13.
     

Quels sont les impacts des troubles de l’éjaculation sur la sexualité et la fertilité ?

Les troubles de l’éjaculation, fréquents chez l’homme, sont rarement graves mais ils peuvent empêcher l’orgasme et une vie sexuelle épanouie.

On observe une perte de l’estime de soi, de sa virilité, un repli sur soi, de l’anxiété pouvant amener à la dépression et l’altération des relations de couple. 

Pour limiter les impacts des troubles de l’éjaculation sur la sexualité et la fertilité, il est essentiel de consulter et libérer la parole. Le rôle du partenaire est aussi important : son implication améliore les chances de réussite du traitement14.

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Nos sources

  • 1. IFOP - 2019
  • 2. Association Française d’urologie : https://www.urofrance.org/2023/11/17/troubles-ejaculatoires-surtout-parlez-en/
  • 3. IFOP - 2019
  • 4. Lucie Kropfeld. Prise en charge de l’éjaculation prématurée en médecine générale selon les connaissances actuelles, la culture et l’environnement du patient : revue de la littérature. Médecine humaine et pathologie. 2022. dumas-03796945 
    Medipedia -L’éjaculation: phases d’émission et d’expulsion - Julie Luong avec la collaboration du Dr Esther Hirch, sexologue clinicienne et sexoanalyste.
    Manuel MSD - Présentation de la fonction sexuelle et de la dysfonction sexuelle chez les hommes - Irvin H. Hirsch, MD, Sidney Kimmel Medical College of Thomas Jefferson University
  • 5. Troubles de l’éjaculation à l’exception de l’éjaculation prématurée, troubles de l’orgasme  - J.-M. Rigot a , F. Marcelli a , F. Giuliano b PROG URO 2013,23, 657-663
  • 6. Société Francophone de Medecine Sexuelle.
  • 7. Les effets du traitement médical sur la sexualité dans l’hyperplasie benigne de la prostate  - Christian Saussine et le CTMH  - CHU, Strasbourg 
  • 8. Chen WH, Chu YH, Chen KY. Drug-Associated Spontaneous Orgasm: A Case Report and Systematic Review of Literature. Clin Neuropharmacol. 2017 Dec 1. doi: 10.1097/WNF.0000000000000259
  • 9. Sexual Medecine Review. 2021 Jul; Volume 9, numéro 3
  • 10. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0302283806008396 Porst H, Montorsi F, Rosen RC, Gaynor L, Grupe S, Alexander J. The Premature ejaculation prevalence and attitudes (PEPA) Survey: prevalence, comorbidities, and professional help-seek- ing. Eur Urol 2007;51(3):816–24.
  • 11. Vidal : https://www.vidal.fr/medicaments/gammes/priligy-55760.html
  • 12. UroFrance : Recommandations pour le traitement de l’éjaculation prématurée - Référence : Prog Urol, 2023, 5, 33, 237-246
  • 13. UroFrance : Recommandations pour le traitement de l’éjaculation prématurée - Référence : Prog Urol, 2023, 5, 33, 237-246
  • 14. Société francophone de médecine sexuelle : Analyse par Carol Burte, Cannes, France.
    D’après Sanley E., Althof, Cris G McMahon, Marcel D. Waldinger, et al. An Update of The International Society of Sexual Medecine’s Guidelines for the Diagnosis and Treatment of Premature Ejaculation (PE). J Sex Med 2014 ; 11 1392-1422. https://www.sfms.fr/litterature/ejaculation/ejaculation-prematuree-derniere-mise-au-point-de-lissm/